Rémi Casty joueur professionnel rugby à XIII international français / Dragons Catalans

Premier Français nommé dans l’équipe de l’année en 2012 en super league Anglaise.
Premier Français à marquer un essai en NRL en juin 2014 et le premier à remporter le World Club Challenge avec les Roosters de Sydney.Vainqueur avec les Dragons Catalans, en tant que capitaine, de la Challenge Cup en 2018.

1/ A ton avis quelle place joue le mental dans la performance ?

Personnellement c’est ce qui a fait ma force durant ma carrière parce que je n’avais pas de dispositions physiques hors norme ni de qualités techniques surdéveloppées. Mon mental et le dépassement de soi a été déterminant pour moi.

Le mental a une place très importante, aussi forte que le physique et la technique, c’est un trio indissociable si on veut arriver au summum de la performance.

2/ As-tu travaillé avec un préparateur mental au cours de ta carrière ?

Oui et non. J’ai travaillé avec un psychologue aux Roosters qui nous accompagnait sur la santé mentale, il nous suivait pour savoir comment on était dans la vie de tous les jours, dans quelles dispositions mentales on était, voir si la santé mentale était bonne. Le suivi était mensuel. Avant la saison, que ce soit aux Dragons ou aux Roosters j’avais rempli un questionnaire pour savoir dans quelle catégorie de personne je me trouvais pour permettre au manager de mieux communiquer avec chacun des joueurs.

Puis un travail sur la visualisation avec une intervenante aux Dragons Catalans, quelquefois assez mystique cela a été assez compliqué de rentrer dedans, dans le rugby on est assez terre à terre… Pour moi cela n’a pas fonctionné mais c’était bien de l’avoir expérimenté tout de même, cela m’a permis de voir que cette méthode ne m’était pas adaptée. Dans un sport individuel et de plus en plus dans le sport collectif on a besoin d’avoir quelqu’un qui nous suit pour la partie mentale, tout le monde pousse le physique, la technique à fond.

La différence va se faire sur la capacité mentale à pouvoir répéter les efforts à haute intensité. Le préparateur mental a sa place dans le monde du sport.

3/ En quoi consiste la préparation mentale pour un rugbyman de haut niveau et comment la travailles-tu au quotidien ?

Difficile, je n’ai pas été suivi personnellement, j’ai beaucoup discuté avec plusieurs préparateurs mentaux et j’ai encore beaucoup à apprendre sur le domaine. Je suis en fin de carrière et je n’ai pas tout découvert de ce que pouvait amener la préparation mentale en tant que joueur, j’aspire à devenir entraîneur j’aimerai avoir des outils et être aidé par un préparateur mental pour ne pas louper des choses avec mes joueurs. Pour moi la préparation mentale permet d’arriver à ce que le joueur naturellement soit dans le « flow », qu’il puisse être inconsciemment au meilleur de sa performance technique et physique sans y penser vraiment. Et ça ce sont des outils qu’un préparateur mental peut amener par exemple par des routines, ou même pouvoir se recentrer en pleine action… Par exemple aux Wigan Warriors après avoir pris ou marqué un essai l’équipe se regroupe et fait des respirations pour évacuer la situation, se recentrer sur eux-mêmes et repartir du bon pied, vider ce qui vient de se passer.

Pour ma part je travaille surtout la méditation et la respiration, avant ou après la sieste. J’utilise une application pour cela et je me laisse guider. Cela me permet de me relâcher avant le match. Je me mets dans ma bulle et cela me permet de me dire « là j’ai fait tout ce qu’il fallait pour être prêt » essayer de rentrer dans le flow. Je me suis beaucoup intéressé en lectures, je n‘ai jamais bossé avec quelqu’un, mais c’est quelque chose que je préconise à tout joueur qui veut performer au plus haut, c’est vraiment important.

4/ Qu’est-ce que cela t’a apporté dans ta pratique du rugby de haut niveau ?

Il m’est arrivé 2 ou 3 fois de faire des matchs avec de grosses performances sans avoir conscience d’avoir joué, j’étais dans le FLOW. Comme si mon corps et mon esprit n’avaient fait qu’un.

5/ A quel moment de la carrière d’un rugbyman de haut niveau est-il plus important de travailler le mental ? 

Je pense qu’il n’y a pas de moment.

Le plus tôt est le mieux et dans tout (mental, nutrition…), c’est une forme de professionnalisme.

Il faut prendre conscience que tu es pro et qu’il faut se donner tous les moyens pour durer. Ce sont des sacrifices mais un travail sur soi au niveau mental c’est important.

6/ Quelles sont les principales difficultés auxquelles doit faire face un rugbyman de haut niveau ?

La principale difficulté c’est de ne pas jouer. C’est mentalement difficile de faire la prépa, s’entraîner dur et ne pas jouer c’est difficile, difficile à accepter ; tu prends ça comme une injustice, de la jalousie peut s’installer. C’est important d’aider les joueurs dans ces moments-là, c’est pour cela que c’est primordial quand tu es entraîneur de tenir compte de cet aspect mental.

Concentré tous les jours à l’entraînement sur les tâches quoiqu’il se passe à l’extérieur, si tu as mal dormi, soucis familiaux, enfants malades…

Être constant dans la performance.

7/ Cela t’arrive-t-il de te remettre en question, si oui de quelle manière ?

Constamment, j’aime ce que je fais j’aime mon sport je veux durer j’aime être performant. Je fais des recherches, je lis, je cherche sans cesse les outils qui me permettront d’être performant.

On peut faire une très belle saison et ensuite passer au travers, même si tu mets en place les mêmes choses. Il faut s’améliorer dans tous les domaines parce qu’en face ça avance en recherche de progrès, tout le monde veut être le meilleur, tout le monde veut gagner. La remise en question elle est dans tous les domaines la nutrition, le mental, la technique, la tactique c’est indispensable si tu veux durer au plus haut niveau.

8/ Quelles sont tes sources de motivation lorsque cela va un peu moins bien ?

La famille, je fais des sacrifices avec ma famille de par les déplacements. Difficile de ne pas voir sa femme, sa fille on manque des choses. Rendre fier ma famille, mes amis.

9/ Quelles sont les qualités d’un rugbyman de haut niveau ?

Être complet, bon techniquement, physiquement, tactiquement, il ne suffit pas d’être une bête physique il faut aussi comprendre le jeu, améliorer son mental.

Il n’y en a pas un de prédominant, le rugbyman de haut niveau c’est un athlète complet.

10/ Comment est-ce que tu te situes dans le collectif ?

Je suis capitaine, je suis facile à trouver, disponible. J’adore la convivialité entre les joueurs, l’humour, la fraternité c’est ce qui va me manquer le plus quand j’arrêterai. Je me situe au centre de ce collectif, en étant capitaine. Pas mal de joueurs viennent me parler quand ils ont des problèmes, je fais le lien en transmettant les messages des entraîneurs.

11/ As-tu eu une gestion particulière en tant que capitaine ?

J’essaye de regarder si personne n’est un peu à l’écart, mon rôle c’est d’aller voir les gars essayer de trouver des solutions. Important pour que le groupe vive bien et soit performant que tout le monde soit bien dans sa tête. Ça fait partie de mon caractère de prendre soin des joueurs, essayer de comprendre un changement d’attitude par un regard, en observant les autres.

12/ Qu’est-ce qu’un leader selon toi ?

Plusieurs types.

Celui qui aime prendre les devants en parlant beaucoup, sachant trouver les mots pour chaque joueur et chaque moment. C’est important d’avoir ces leaders de parole dans un vestiaire.

Leader de l’exemple qui montre tout ce qu’il faut faire, celui qui va faire tous les petits détails à l’entraînement à la musculation va aller au kiné faire attention à la récupération qui passe devant partout à l’entrainement, en match.

Le meilleur des leaders c’est celui qui fait les deux en même temps.

Dans un groupe de rugby il n’y a pas qu’un seul leader et c’est important.

Crédits Photos : ©treizemondial.fr

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