Championne de France junior en 2010 et 2011, médaille de bronze des championnats d’Europe juniors 2011, championne de France espoir en 2012 et 2014.Championne de France élite en 2015.
1/ A ton avis quelle place joue le mental dans la performance ?
Pour moi le mental c’est 90% de la performance.
Honnêtement, pour moi je pense que c’est 90 % de la performance. C’est-à-dire que sur le plan physique tout le monde peut-être bon mais c’est vraiment le mental qui prendra l’aspect principal le jour J, à mon sens et aussi par expérience.
2/ As-tu travaillé avec un préparateur mental au cours de ta carrière ?
Oui en 2018. Toutes les semaines au début puis toutes les 2 semaines pendant 4/5 mois avant les compets, ensuite pendant les compets on s’est vu de temps en temps pour des debriefings et voir comment étaient mis en place les outils que l’on avait travaillé. On a travaillé sur différents outils pour trouver l’outil qui me conviendrait le mieux. On a beaucoup travaillé sur l’imagerie mentale qui était quelque chose que j’avais déjà mis en place et pour lequel on a poussé le processus. On a travaillé la visualisation de mes mouvements, de mes gestes. On a beaucoup joué sur la respiration aussi, pour ressentir toutes les sensations que je peux avoir quand je cours et également pour la relaxation.
3/ Comment travailles-tu la préparation mentale au quotidien ?
J’ai gardé le principe de me recentrer sur moi-même, mes sensations, de visualiser que ce soit la course et à l’entraînement aussi même entre deux courses je peux revisualiser ce que je dois faire, ce que mon coach m’a dit de travailler un peu plus. Très axé sur l’imagerie comme je te le disais c’est ce qui me va le mieux.
4/ Qu’est-ce que cela t’a apporté dans ta pratique ?
Une prise de recul, prendre plus de temps pour réfléchir à ce que je viens de faire, comment je l’ai fait, qu’est-ce que je dois améliorer… Du coup ça me permet de mieux analyser ce que je fais.
5/ A quel moment de la carrière d’une athlète de haut niveau est-il plus important de travailler le mental ?
Honnêtement je dirai dès le début, comme je te disais tout à l’heure c’est un aspect qui est très très important. A mon humble avis, il peut aussi être travaillé sans avoir recours à un professionnel. C’est-à-dire quand tu es bien entouré et qu’on te transmet les bons outils tu peux les utiliser dans ta préparation, J’ai travaillé avec un entraîneur qui a fait les JO et il m’a donné des outils notamment des routines que j’ai pu appliquer. Quand j’ai eu recours à un professionnel de la préparation mentale je traversais une période de doute, et c’était pour qu’il m’apporte un plus, des outils supplémentaires.
6/ Quelles sont les principales difficultés auxquelles doit faire face une athlète de haut niveau ?
Je dirai justement passer outre cet aspect mental. Je vais prendre mon cas personnel parce que c’est ce que j’ai vécu en 2018. L’aspect mental je l’ai, je sais me concentrer, je sais me ressaisir, je sais m’analyser etc… Par contre, et c’est mon gros défaut, c’est mon blocage on va dire qui n’est pas un blocage mental, c’est le lâcher prise. Et ça je n’ai pas réussi à le travailler avec la préparatrice mentale. En gros en 2018 physiquement j’étais vraiment la meilleure, c’était ma meilleure année, à mon sens, mais en compétition j’étais le jour et la nuit avec les entraînements. A l’entraînement j’étais championne du monde et en compétition j’ai fait une course qui aurait dû être l’une des meilleures courses de ma vie et en fait c’était peut-être un peu trop tôt dans la saison et cette course m’a totalement paralysée pour la saison, j’ai pas réussi à me remettre dans le sens où dès le lendemain à l’entraînement j’ai réussi à faire de belles choses, à me lâcher mais dès que j’arrivais en compétition tout de suite je me paralysais et j’arrivais plus à faire ce que je savais faire du coup mes jambes courraient mais ma tête était totalement ailleurs, il n’y avait pas du tout de synchronisation entre mes jambes et ma tête c’est là que quelque chose me manquait dans l’accompagnement et c’est pour ça que derrière j’ai travaillé avec une psychologue qui m’a réellement fait lâcher prise, on s’est rendu compte qu’il y avait aussi des blocages qui n’avaient rien à voir avec l’athlétisme par exemple.
Et donc ce que je pense qu’il y a de plus difficile pour un sportif, c’est parfois de trouver les petits blocages qui font qu’il n’arrive pas à passer ce petit palier. Et ça peut être physique comme mental.
7/ Cela t’arrive-t-il de te remettre en question, si oui de quelle manière ?
Oui, c’est plus prendre du recul que me remettre en question j’analyse même sur une mauvaise séance j’essaye de ressortir du positif. Pour conserver la motivation et un minimum de satisfaction pour garder le moral. J’ai aussi la chance d’avoir ce coach qui, lorsque j’ai du mal à sortir du positif, lui va me le trouver. Avec ce positif j’arrive à canaliser certaines mauvaises séances, où je peux m’énerver de ne pas arriver à courir d’une certaine façon, me poser un petit peu pour repartir sur la prochaine course. Il faut dire aussi que je suis perfectionniste et que ça joue sur mes séances d’entraînement.
Prendre du recul et capitaliser sur du positif.
8/ Quelles sont tes sources de motivation lorsque cela va un peu moins bien ?
Je puise dans les courses que j’ai bien réussies, je regarde des vidéos d’entraînements ou compétitions bien réussi. Du coup j’arrive à prendre du recul à me revisionner certaines bonnes séances me permettent de relativiser, je me dis « il y a des moments de mous, il faut passer par là, le positif arrive derrière » en m’appuyant sur des réussites ça me permet de rester motivée à avancer.
9/ Quelles sont les qualités d’une athlète de haut niveau ?
Pour moi c’est tout ce qui est :
Concentration, le sérieux, la détermination. La persévérance également parce que le sport de haut niveau c’est quelque chose de très dur et très exigeant et il faut savoir rester positif même pendant les périodes de blessure. L’assiduité. Et être fort mentalement et physiquement.
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