Capitaine de l’équipe de France de rugby à XV de 2016 à 2019. USA Perpignan, RC Toulon, Montpellier HR.
1/ A ton avis quelle place joue le mental dans la performance ?
La préparation mentale fait partie de la performance. A mon avis 50% de ce que tu peux acquérir se joue dans la tête. Il est évident que cela ne fait pas tout, la performance dépend également de ce que tu sais faire et acquiert à l’entraînement.
La préparation mentale fait partie de la performance.
2/ As-tu travaillé avec un préparateur mental au cours de ta carrière ?
Pas à titre personnel. J’ai participé à des ateliers en équipe de France avant la coupe du monde 2011 où nous avions un travail de groupe obligatoire avec un préparateur mental, puis en 2015 où le travail était optionnel cette fois.
J’ai beaucoup travaillé la dimension mentale de mon côté, en faisant un travail sur moi-même, en me nourrissant de conseils d’autres joueurs et de recherches personnelles sur le sujet.
3/ En quoi consiste la préparation mentale du rugbyman de haut niveau et comment la travailles-tu au quotidien ?
La préparation mentale permet d’épauler et d’accompagner le joueur afin qu’il soit prêt pour la compétition. C’est la particularité d’un sport collectif, travailler sur les individus pour rendre le collectif meilleur. Cela permet de se sentir plus fort, il faut respecter la manière qu’a chacun de se préparer.
4/ Qu’est-ce que cela t’a apporté dans ta pratique du rugby de haut niveau ?
Au début, pour le lancer en touche. J’ai travaillé personnellement pour apprendre à relativiser. C’est un geste technique pour lequel entre en jeu beaucoup de paramètres (vent, pluie, hauteur de saut, feintes, zones) la réussite de ce geste ne dépend pas que du lanceur. J’ai cherché à obtenir le geste le plus fluide possible avec pour objectif à l’entraînement de le réaliser un maximum de fois dans les conditions les plus proches possibles de la compétition.
5/ A quel moment de la carrière d’un rugbyman de haut niveau est-il plus important de travailler le mental ?
Il n’y a pas de moment en particulier, c’est très personnel. Au début pour se donner des clés supplémentaires pour réussir, pendant la carrière sur des périodes de doutes ou charnières, ou à la fin pour appréhender « l’autre vie » celle d’après le sport professionnel.
Être accompagné pour appréhender la vie d’après le sport professionnel.
6/ Quelles sont les principales difficultés auxquelles doit faire face un rugbyman de haut niveau ?
Question difficile, il y en a tellement. Je dirais la recherche permanente de la perfection pour performer, la gestion de l’image et les échanges. Avoir un maximum d’échanges avec les staffs pour être guidé, être à l’écoute.
Le joueur de rugby ne peut pas penser rugby tout le temps, il est important d’avoir autre chose à côté pour éviter de se dégoûter.
Il faut être assidus, précis, travailleur pour ne rien laisser au hasard, mais il faut conserver d’autres intérêts pour pouvoir prendre une bouffée d’oxygène au besoin.
7/ Cela t’arrive-t-il de te remettre en question, si oui de quelle manière ?
Oui, au quotidien. Je revois mes actions pour voir si elles ont été bien réalisées en compétition comme à l’entraînement. Remise en question permanente, c’est ce qui m’a permis d’arriver au plus haut niveau, c’est indispensable. Il faut quand même réussir à graduer, relativiser.
Relativiser.
8/ Quelles sont tes sources de motivation lorsque cela va un peu moins bien ?
Me recentrer sur la famille, relativiser. Puis vient le temps où l’envie de rebondir et de te remettre au travail. Tu as besoin de t’évader un peu mais le démon de la compétition te rattrape pour te remettre au travail.
9/ Quelles sont les qualités d’un rugbyman de haut niveau ?
La solidarité, tu as besoin des autres pour être bon, indispensable de travailler avec le copain d’à côté.
Le courage, être prêt à combattre pour l’équipe. Le rugby c’est un sport de combat où tu dois répondre présent pour l’équipe et être meilleur que celui d’en face.
L’abnégation et l’humilité également. Si tu ne garde pas la tête froide, si tu es trop prétentieux tout peut s’effondrer très vite.
10/ Comment te situais tu dans le collectif ?
Au début plutôt timide et réservé par mon éducation et ma formation, j’ai mis beaucoup de temps à m’affirmer en tant que leader. Après je suis toujours resté simple, sans jamais calculer. Même après tant de temps je me pose quand même la question de la légitimité.
11/ As-tu eu une gestion particulière en tant que capitaine de l’équipe de France de rugby à XV ?
Non, je me suis servi de ce que j’ai appris auprès d’autres joueurs comme Nicolas Mas et Thierry Dusautoir. Rester bienveillant, à l’écoute des coéquipiers, compréhensif, transmettre un message fort au bon moment pour être percutant et que les joueurs ne se lassent pas.
12/ Qu’est-ce qu’un leader selon toi ?
Le leader c’est celui qui montre par l’exemple, faire ce que l’on essaye de transmettre, ce que l’on dit. Parler par les actes, rester humble. Un proverbe dit « la parole est d’argent et le silence est d’or » pour moi j’associe le silence aux actes sur le terrain.
Parler par les actes.
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